L’absence persistante d’une ligne stratégique claire et consensuelle rend incontournable la mise en place d’un dispositif de transition destiné à fluidifier temporairement les échanges
L’imbroglio provoqué par le Brexit n’aide guère les entreprises françaises à se préparer sereinement à des changements, qui semblent inéluctables, mais dont l’ampleur et la diversité semblent sous-estimées ! En effet, l’absence persistante d’une ligne stratégique claire et consensuelle rend incontournable la mise en place d’un dispositif de transition destiné à fluidifier temporairement les échanges. Hélas, les mécanismes préconisés vont inévitablement se traduire pour les PME par des formalités et des coûts supplémentaires. Dans ce brouillard, quelles priorités retenir ?
►Préserver l’essentiel, à savoir un marché clef pour la France
La France, dont le Royaume-Uni est le troisième client européen, n’a aucun intérêt, faute d’alternative crédible, à se désintéresser d’un marché à la fois conséquent, solvable… et à portée de main. Bien des PME françaises l’ont bien compris et, en attendant d’y voir plus clair, gardent le cap fixé sur leur port d’attache outre-Manche.
►Passer d’un cabotage plutôt paisible aux turbulences de la navigation en haute mer
Certaines PME françaises, habituées aux facilités du marché intérieur, pourraient être rebutées par des contraintes qui leur sont inhabituelles et qu’elles ne surmonteront pas toutes immédiatement. En outre, leur compétitivité peut pâtir des surcoûts inhérents à ce changement de régime. D’où la nécessité d’identifier au plus vite les facteurs de risques, pour pouvoir les circonscrire.
►Faire preuve de patience dans un contexte de gros temps
Pour éviter une rupture brutale des échanges à l’échéance effective, autorités administratives et entreprises ont décidé, en urgence, des mesures destinées à garantir un minimum de flexibilité. Mais, faute d’échéance claire (fin 2019, fin 2020,… ?), ce régime « provisoire durable » peut conduire à une multiplication de différends commerciaux, d’où la nécessité d’une vigilance accrue.
►Prévoir et contourner différents écueils possibles
Malgré les extensions programmées, les infrastructures de transport les plus critiques (Calais, Dunkerque, tunnel sous la Manche) peuvent souffrir d’engorgement, au vu des flux considérables qui traversent quotidiennement le corridor maritime. En plus, d’autres aspects sont susceptibles de poser des difficultés techniques (effectifs préposés aux contrôles, performances des logiciels, coût du stockage, conformité des palettes, etc.).
Pour autant, les PME concernées ne sont pas seules pour effectuer cette traversée semée d’embûches. Réunions d’information, entretiens avec des experts, didacticiels, plates-formes téléphoniques et sites spécialisés se sont multipliés ces derniers mois, dans les chambres de commerce et d’industrie, les administrations compétentes et les syndicats professionnels, pour les y aider. Il y a urgence à les solliciter. A défaut de rendre la mer calme, ces services peuvent permettre de rester à flot et d’éviter de ramer dans le vide !
Par Didier Kling, président de la Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France, président du cabinet Didier Kling expertise et conseil, commissaire aux comptes, expert auprès de la cour d’appel de Paris, expert inscrit près la Cour de cassation, membre du Club des juristes et par Bernard Cottin, responsable affaires européennes à la Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France au sein de la direction de la vie institutionnelle et des études (DGA/VIE).