La crise économique et financière mondiale avait révélé les ravages que cause la perte des repères éthiques dans le monde des affaires ; cette prise de conscience a conduit à faire de la problématique de l’éthique – entendue comme le choix de la décision qui est moralement acceptable dans une situation donnée – un enjeu majeur pour les entreprises.
L’éthique contribue à la légitimité de l’entreprise ; elle doit démontrer qu’elle crée de la valeur tout en respectant les personnes et le monde au sein duquel elle agit. C’est ainsi que le questionnement éthique a conduit à s’attacher aux conséquences pour autrui des activités de l’entreprise et ce glissement de l’éthique à la RSE renvoie plus largement à un questionnement sur le rôle sociétal de l’entreprise ; le rapport Senard Notat qui vient d’être remis au Gouvernement tout comme le récent rapport du Club des juristes « Le rôle sociétal de l’entreprise », proposent des pistes intéressantes de réformes allant jusqu’à la modification de la définition même de la société.
L’éthique est en lien avec la réputation de l’entreprise ; en effet la pression croissante des parties prenantes (investisseurs, clients, fournisseurs, communauté locale…) pour le respect de l’éthique fait que la réputation d’une entreprise dépend en grande partie de sa capacité à gérer son capital éthique et à se mettre en position de résoudre ses dilemmes éthiques. Les déboires actuels de Facebook, du fait de la marchandisation du net, ont un fondement éthique qui tient à ce que la protection du droit à la vie privée est un droit de l’homme.
L’éthique s’est introduite dans le management de l’entreprise. La transformation des pratiques de management résulte notamment de l’institutionnalisation de l’éthique à travers l’adoption de Codes ou Chartes éthiques. Par cet outil l’entreprise affirme ses valeurs qui orientent les comportements et créent le cadre commun dont le besoin se fait particulièrement sentir dans les grandes organisations.
L’éthique agit comme un puissant facteur d’homogénéisation et de stabilité, elle donne à l’organisation une culture qui définit son identité propre.
L’éthique nourrit la conformité (compliance en américain) dont l’importance va croissant au regard des risques qui peuvent résulter de manquements non seulement à la norme juridique – nationale ou internationale – qui s’impose à elle, mais aussi à la « soft law » qui englobe les procédures internes que l’entreprise s’engage à respecter, notamment par le biais de ses chartes éthiques. L’affaire Enron a révélé l’impuissance d’une architecture de conformité, aussi sophistiquée soit elle, à garantir l’entreprise du risque de non conformité. C’est que l’efficacité du système dépend aussi de la compréhension et de l’adhésion des collaborateurs aux valeurs de l’entreprise, comme de l’exemplarité.
Ethique et Entreprise ne sauraient être opposées, comme si la première était un obstacle, sinon un frein, à la réussite de la seconde. Bien au contraire, au regard des attentes des parties prenantes le respect de l’éthique contribue à asseoir la réputation de l’entreprise et la confiance qui en découle constitue pour elle un avantage compétitif.