Le Club des Juristes

Transmission d’entreprise – L’intervention complexe des salariés

Les transmissions d’entreprise n’entrent manifestement pas dans le champ des opérations concernées par le choc de simplification.  Les nouveaux articles L. 23-10-1 et s. et L. 141-23 et s. du Code de commerce, issus de la loi n°2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire, créent en effet de nouvelles obligations qui risquent en pratique de complexifier significativement les cessions des PME.

En cas de projet de cession d’un fonds de commerce ou de la majorité du capital d’une société, ces textes prévoient, dans les sociétés comptant moins de 50 salariés et les PME, une information individuelle et préalable de tous les salariés sur ce projet, afin de permettre à chacun d’entre eux de formuler une offre d’achat.

Si l’intention du législateur est sans doute louable, le nouveau dispositif ne paraît pas permettre d’atteindre l’objectif poursuivi, alors que sa rédaction fait naître des contraintes lourdes et difficiles à interpréter.

Les promoteurs de ces dispositions les justifient en substance sur la base du raisonnement suivant : chaque année des emplois sont détruits parce que des entreprises en bonne santé ne trouvent pas de repreneur ; il faut donc permettre aux salariés de ces entreprises de présenter une offre. Mais les nouvelles obligations sont par définition applicables dans les entreprises ayant trouvé un repreneur. Comment défendre que l’on pourra résoudre  le problème des entreprises qui ne trouvent pas de solution de reprise, en compliquant le processus de cession de celles qui en trouvent une ?

Quoiqu’il en soit, maintenant que ces dispositions sont en passe d’entrer en vigueur (en principe le 1er novembre 2014), il est nécessaire de les mettre en œuvre. A défaut, la sanction prévue est particulièrement lourde puisqu’il s’agit de la nullité de la cession.

Or, le moins que l’on puisse dire, c’est que dans l’attente du décret d’application, leur lecture suscite de nombreuses interrogations. Certaines sont en pratique particulièrement problématiques :

Ainsi en l’état, ces textes, difficiles à appliquer, sans donner aucun droit véritable aux salariés en l’absence d’un droit préférentiel sur la cession de l’entreprise, apparaissent comme un frein nouveau à la fluidité des opérations de reprise.  Souhaitons qu’à défaut d’un choc de simplification, on puisse encore espérer un décret de clarification.